Avec les premiers froids matinaux, les souvenirs des vacances d’été s’estompent tout doucement de nos esprits, happés que nous sommes par le tic tac du métronome de nos vies bien réglées. C’est pourquoi nous vous proposons de vous replonger un bref instant dans les îles paradisiaques, histoire de vous montrer qu’il n’y a rien à regretter de ces lieux où l’Homme se perd plus qu’il ne se retrouve. Petit tour d’horizon… non exhaustif bien entendu.
Chaud devant !
Commençons par un classique du genre, The Island

Avec ses couleurs chatoyantes et son matériel tout mignon, ce jeu fait depuis des décennies la joie des grands et des petits en matière d’île perdue, dans la catégorie familiale. Originellement sorti dans les années 80 sous le titre Atlantis, puis Les rescapés de l’Atlandide, ce jeu a été maintes fois réédité avec un succès jamais démenti, mais là où le nouveau titre « français » joue la neutralité, le titre anglo-saxon, Survive, ne laisse aucun doute sur ce qui attend les participants à l’aventure.
Et comme d’habitude – vous êtes habitués, Koh Lanta étant passé par là – c’est aux autres qu’il va falloir survivre. Le principe est simple: vous tentez de vous échapper de l’île grâce à un nombre limité de mouvements à chaque tour, vous retournez une tuile (l’île s’enfonçant inexorablement dans l’océan à cause d’un volcan en éruption) puis appliquez son effet: observez bien alors les mines sadiquement réjouies de vos partenaires, tout fiers de retourner une tuile requin sur laquelle vous vous trouviez et voir votre meeple dévoré sous vos yeux. Pour finir, vous lancez le dé et déplacez un des animaux marins présents sur le plateau, de préférence sur la case d’un adversaire déjà tombé à l’eau lors d’un tour précédent, histoire de faire des victimes supplémentaires.
Vous l’avez compris, peu de rescapés dans cette aventure, le sel du jeu étant dans la gentille méchanceté dont les uns où les autres feront preuve et dans les vengeances qu’elle pourra engendrer. À noter que deux mini-extensions permettent de jouer jusqu’à 6 joueurs et de rajouter dauphins et pieuvres géantes.
Un peu dans le même genre, mais pas tout à fait pareil non plus, Mauna Kea vous propose aussi de vous échapper d’une île, que les joueurs vont prendre un malin plaisir à recouvrir de la lave sortie d’un volcan. Un poil plus de réflexion que The Island, mais un peu moins méchant aussi.
Si vous hésitez entre ces deux titres, vous retrouverez un article très bien fait ici, proposant un match entre les deux jeux.
Sous la plage, les pavés… dans ta tête !
Dans la catégorie stratégie, pour joueurs plus aguerris à des jeux costauds, Vanuatu et Bora-Bora figurent parmi les meilleurs jeux lorsqu’il s’agit de se retrouver sur une île au beau milieu de l’océan.
Dans le premier, vous vous croyez sur une île paradisiaque, mais vous êtes en fait entourés de requins: les autres joueurs. En effet, lors de la phase de programmation qui vous permettra par la suite de pouvoir faire telle ou telle action (pêcher, dessiner, explorer, naviguer… etc), les joueurs se placent de façon à pouvoir faire le plus d’actions possibles, tout en empêchant les autres d’en faire autant; en résulte une phase assez agressive où les choix de chacun feront grincer des dents les autres belligérants joueurs. Et comme sur cette île tout est rare – c’est peu de le dire – quelques poissons, de maigres trésors, de rares touristes et quasiment pas d’argent, la tension et la frustration n’en sont que plus intenses. Amis caliméros, passez votre chemin et allez plutôt jouer à faire des pâtés sur le sable de nos côtes charentaises.

Coté plateau, les couleurs un peu fades ont laissé la place à des eaux turquoises, mais le jeu n’en est pas moins violent. Vanuatu s’avère être très interactif pour un jeu de cette catégorie et c’est bien ce qui fait tout son charme.
De son coté, Bora-Bora, du grand Stefan Feld (Les châteaux de Bourgogne, Notre-Dame, L’année du Dragon, Trajan, Bruges…) nous propose un jeu dense et très calculatoire. Comme d’habitude chez cet auteur, les divers moyens de marquer des points sont légions et la courbe de progression est importante (entendez, il va se passer du temps avant que vous ayez fait assez de parties pour en avoir fait le tour – il faut déjà trouver les joueurs prêts à se lancer dans l’aventure). De même, l’utilisation des dés est une des particularités de cet auteur: loin des coups du sort liés au fait qu’une face sorte plutôt qu’une autre, la chance reste maîtrisable car d’autres mécanismes permettent d’influer sur la valeur faciale des dés.

E la nave va
Pour finir, revenons sur une actualité plus récente, tout juste sorti des chaînes de production, un jeu qui trouvera sans nul doute son public : Galerapagos, de chez Gigamic.
Pour vous donner envie, une petite vidéo qui parlera plus qu’un long discours et vous montrera qu’en terme de survie, vos camarades de jeux ont beaucoup à vous apprendre… à vos dépends bien entendu !
Eh bien, il se peut que la description de ce jeu vous dise quelque chose. De notre coté, c’est le cas, car il y a deux ans, nous nous sommes retrouvés au festival de Parthenay autour d’une table avec de joyeux lurons qui jouaient à leur jeu fait maison (avec des coquillages et des petits cailloux) et auto-édité, Les naufragés de Figalaga. Nous sommes donc heureux de voir que ce jeu bien méchant ait pu faire cette deuxième carrière, qui s’annonce somme toute prometteuse.
Voilà donc de quoi vous passer l’envie de rêver au paradis sur terre; c’est bel et bien l’enfer qui se tapit derrière ces îles aux plages de sable blanc et aux forêts luxuriantes. Mais que cela ne vous décourage pas pour autant de vous lancer dans quelque partie endiablée 😉